jeudi 23 mars 2017

Je passe de l'état primaire à l'état second

La fac. J'ai choisi d'y retourner, j'ai choisi de reprendre ma licence d'arts du spectacle. J'ai aussi choisi de continuer à travailler à côté, pour ne pas rentrer chez les parents et tenter de vivre avec l'Amoureux. J'ai même été contente quand j'ai su que Malandrus venait à la fac avec moi, puis un peu déçu quand il est parti dans une autre licence. Mais tout était censé bien se passer. Mes cours était censés paraître plus simple, le contact avec mes camarades de promo aussi, le quotidien avec l'Amoureux devait être paradisiaque, avec l'adoption du bébé chat qui arrivait vite, je devais aller mieux.

Sauf que.

Rien de tout ça n'est arrivé. Je ne suis pas bonne à rien ou quoi, j'arrive à suivre certains de mes cours et je comprend presque tout. Mais je suis épuisé à chaque fiche de révision que je fais. Mon cerveau me fait mal à chaque mot que j'écris sur une page. Et une petite voix me dit "t'y arriveras pas. Regarde, même si certains de tes cours sont validés, tu n'auras pas cette année. Le fossé entre toi et les autres va encore s'agrandir. Tu vas finir seul". Et ça me terrorise. Je n'arrive pas à écrire ou à lire pour le plaisir. La seule chose qui me vient en tête quand j'ai du temps libre, c'est de dormir. Encore. Toujours. Parfois je souhaite juste ne jamais me réveiller.
On a commencé le deuxième semestre, je ne sais toujours pas si j'ai obtenu le premier...(NB: il s'avère que je suis défaillant, donc rattrapages pour ma pomme... La sensation d'un autre redoublement se fait ressentir)
ça c'est moi dans ma tête... Même le WE a Disneyland n'aura rien arrangé
J'ai peur de l'échec, j'ai peur d'avoir tout recommencé pour rien... Les gens me font peur, ceux qui réussissent mieux que moi, ceux qui paraissent sûr de ce qu'ils veulent, où ils vont. Moi non.
J'envie Flèche, Chris, et tout les autres qui paraissent à l'aise dans leur formation. Je recommence à avoir peur des cours. Des gens. De sortir. De me lever. De manger. De m'attacher aux autres. Puis de les perdre.

Depuis septembre il y a eu trop de changements... Trop de gens qui sont partis, trop qui sont arrivés. Et il y a ceux de qui je ne sais plus quoi penser... Ceux a qui je tiens, mais que je veux éviter. Il n'y a que le chaton dont la présence ne me paraît pas insupportable. Je ne veux plus voir d'êtres humains. Je n'en peux plus des non-dits, des secrets, des dramas.

J'ai l'impression d'avoir un poids immense sur mes épaules, et que je ne peux déléguer à personne, même pas un petit peu... J'essaie vraiment de tenir tu sais. J'essaie vraiment de me dire que ce n'est qu'une mauvaise passe, que ça ira mieux, que demain le réveil sera simple et que je réussirai à aller en cours... Sauf que ce lendemain là n'arrive jamais. Tout les jours, je me sens suffoquer dans ce petit corps haï. Chaque levé de soleil apparaît comme le néon du couloir de la Ligne Verte. Lugubre, habité, synonyme de fin.
J'ai peur de la lumière, je n'arrive pas à trouver une raison de m'accrocher. Non pas que les pensées sombres aient disparues, mais j'ai moins de mal à y résister. Parce que la torture psychologique infligée par mes peurs, mes phobies, me fait plus de mal qu'une lame sur mon poignet.

Ma tête est devenu une prison. Je pensais y trouver une sortie en lisant les oeuvres de Sarah Kane (il faut que que te parle d'elle. Vraiment.), mais je me suis enliser sans me rendre compte dans les ombres de mon cerveau malade, en lisant sa souffrance, j'ai réveillé les miennes, Ironique non ?

J'ai peur de ce que sera les lendemains. Des choix pas faciles à assumer s'offrent à moi, des prisons d'ivoires ferment leur portail, me laissant seule dans une petite cellule nacrée, magnifique, mais pourtant froide et étroite.
Je me sens prisonnier de mon corps.
Ce corps que beaucoup ont aimé, désiré, chérie, mais que je ne veux que détruit, blessé, malade. Parce que je ne veux pas être malade à l'intérieur de ma tête…
C'est plus facile d'être malade avec son corps qu'avec son cerveau, une petite boîte de médicaments et hop ! Plus de soucis… Alors qu'être malade dans sa tête, avec des troubles mentaux, ça demande de la patience pour le traitement, de l'aide de l'entourage, des soins particulier… Et j'en veux pas. Je ne veux pas de tout ça… Je ne veux pas aller dans un hôpital, une fois de plus, pour des choses que je ne comprend pas, sur lesquels les mots que l'on pose m'effraient plus qu'autre chose. Je ne veux plus entendre « dépression », « troubles alimentaires », « boulimie », « TS » ;… Je voudrais être une étudiante normale, avec des problèmes normaux… Mais pas tout ça..