La
fac. J'ai choisi d'y retourner, j'ai choisi de reprendre ma licence
d'arts du spectacle. J'ai aussi choisi de continuer à travailler à
côté, pour ne pas rentrer chez les parents et tenter de vivre avec
l'Amoureux. J'ai même été contente quand j'ai su que Malandrus
venait à la fac avec moi, puis un peu déçu quand il est parti dans
une autre licence. Mais tout était censé bien se passer. Mes cours
était censés paraître plus simple, le contact avec mes camarades
de promo aussi, le quotidien avec l'Amoureux devait être
paradisiaque, avec l'adoption du bébé chat qui arrivait vite, je
devais aller mieux.
Sauf
que.
Rien
de tout ça n'est arrivé. Je ne suis pas bonne à rien ou quoi,
j'arrive à suivre certains de mes cours et je comprend presque tout.
Mais je suis épuisé à chaque fiche de révision que je fais. Mon
cerveau me fait mal à chaque mot que j'écris sur une page. Et une
petite voix me dit "t'y arriveras pas. Regarde, même si
certains de tes cours sont validés, tu n'auras pas cette année. Le
fossé entre toi et les autres va encore s'agrandir. Tu vas finir
seul". Et ça me terrorise. Je n'arrive pas à écrire ou à
lire pour le plaisir. La seule chose qui me vient en tête quand j'ai
du temps libre, c'est de dormir. Encore. Toujours. Parfois je
souhaite juste ne jamais me réveiller.
On
a commencé le deuxième semestre, je ne sais toujours pas si j'ai
obtenu le premier...(NB: il s'avère que je suis défaillant, donc rattrapages pour ma pomme... La sensation d'un autre redoublement se fait ressentir)
ça c'est moi dans ma tête... Même le WE a Disneyland n'aura rien arrangé |
J'ai
peur de l'échec, j'ai peur d'avoir tout recommencé pour rien... Les
gens me font peur, ceux qui réussissent mieux que moi, ceux qui
paraissent sûr de ce qu'ils veulent, où ils vont. Moi non.
J'envie
Flèche, Chris, et tout les autres qui paraissent à l'aise dans leur
formation. Je recommence à avoir peur des cours. Des gens. De
sortir. De me lever. De manger. De m'attacher aux autres. Puis de les
perdre.
Depuis
septembre il y a eu trop de changements... Trop de gens qui sont
partis, trop qui sont arrivés. Et il y a ceux de qui je ne sais plus
quoi penser... Ceux a qui je tiens, mais que je veux éviter. Il n'y
a que le chaton dont la présence ne me paraît pas insupportable. Je
ne veux plus voir d'êtres humains. Je n'en peux plus des non-dits,
des secrets, des dramas.
J'ai
l'impression d'avoir un poids immense sur mes épaules, et que je ne
peux déléguer à personne, même pas un petit peu... J'essaie
vraiment de tenir tu sais. J'essaie vraiment de me dire que ce n'est
qu'une mauvaise passe, que ça ira mieux, que demain le réveil sera
simple et que je réussirai à aller en cours... Sauf que ce
lendemain là n'arrive jamais. Tout les jours, je me sens suffoquer
dans ce petit corps haï. Chaque levé de soleil apparaît comme le
néon du couloir de la Ligne Verte. Lugubre, habité, synonyme de
fin.
J'ai
peur de la lumière, je n'arrive pas à trouver une raison de
m'accrocher. Non pas que les pensées sombres aient disparues, mais
j'ai moins de mal à y résister. Parce que la torture psychologique
infligée par mes peurs, mes phobies, me fait plus de mal qu'une lame
sur mon poignet.
Ma
tête est devenu une prison. Je pensais y trouver une sortie en
lisant les oeuvres de Sarah Kane (il faut que que te parle d'elle.
Vraiment.), mais je me suis enliser sans me rendre compte dans les
ombres de mon cerveau malade, en lisant sa souffrance, j'ai réveillé
les miennes, Ironique non ?
J'ai peur de ce que
sera les lendemains. Des choix pas faciles à assumer s'offrent à
moi, des prisons d'ivoires ferment leur portail, me laissant seule
dans une petite cellule nacrée, magnifique, mais pourtant froide et
étroite.
Je me sens
prisonnier de mon corps.
Ce corps que
beaucoup ont aimé, désiré, chérie, mais que je ne veux que
détruit, blessé, malade. Parce que je ne veux pas être malade à
l'intérieur de ma tête…
C'est plus facile
d'être malade avec son corps qu'avec son cerveau, une petite boîte
de médicaments et hop ! Plus de soucis… Alors qu'être malade
dans sa tête, avec des troubles mentaux, ça demande de la patience
pour le traitement, de l'aide de l'entourage, des soins particulier…
Et j'en veux pas. Je ne veux pas de tout ça… Je ne veux pas aller
dans un hôpital, une fois de plus, pour des choses que je ne
comprend pas, sur lesquels les mots que l'on pose m'effraient plus
qu'autre chose. Je ne veux plus entendre « dépression »,
« troubles alimentaires », « boulimie »,
« TS » ;… Je voudrais être une étudiante
normale, avec des problèmes normaux… Mais pas tout ça..