" Je ne sais pas où je suis. Je ne perçois que les ténèbres autour de moi, pas une once de lumière. Rien. J'entends alors des voix. Leur voix. Ils se moquent. J'entends ce qu'ils pensent réellement de moi. Je suis si pathétique. Anormale. Un monstre. La laideur incarnée. Je me roule en boule, ne voulant plus les entendre. Je veux juste que ça s'arrête. Puis la cacophonie s’interrompt, et les voix me parviennent les unes après les autres. D'abord celle du Loup. Il rit, me dit que j'étais un jouet très divertissant, et que si il s'ennuie il reviendra sûrement vers moi pour une nouvelle partie. Puis il disparaît. C'est ensuite au Gamer de prendre sa place:"tu es tellement pathétique. J'en ai marre de toi. De ton mal être. Démerde toi.". Puis d'autres voix apparaissent, celles de mes proches, de mes amis: tous m'abandonnent. Je ne comprend pas, je ne sais pas ce qu'il se passe. Je veux que ça s'arrête. Le volume sonore de ces voix augmente crescendo, il envahit mon cerveau, mon corps, et je n'arrive bientôt plus à discerner qui dit quoi. L'air me manque petit à petit, je me sens comme compressée entre quatre murs. Stop. Je veux plus en entendre davantage. Je sais tout ça. Je le sais. Arrêtez.
Puis plus rien. Juste l'obscurité. Noire. Angoissante. Silencieuse. Oppressante. Je cligne des yeux pour discerner quelque chose. Rien. Le néant. Je me replie sur moi-même, les genoux contre ma poitrine. Je suis seule. Je pleure. Je souffre. Je ne comprends pas. Seule. Puis je perçois une présence. Je lève les yeux, et elle est là. Elle me fixe de ses yeux marrons glaciales. Elle m'en veut? Pourquoi? Elle a l'air mal en point: ses cheveux habituellement parfaits sont désordonnés, sales. Ses joues sont creuses, comme si elle avait perdue beaucoup de poids. Un spectre. Avec des yeux flamboyants. De rage? De vengeance? De haine? Je n'arrive pas à saisir l'expression de ce visage. De mon visage. Aryah me regarde toujours, à la même hauteur que moi. Elle ouvre la bouche, et un mot en sort difficilement. Quel est ce mot? Je ne le comprend pas. Je tend la main vers elle, elle se relève soudainement. Comme si mon contact la dégouttait.Elle tourne froidement les talons, et j'entraperçois une autre personne la recueillant dans ses bras. Qui es-tu? Pourquoi la protéger elle? Puis les deux s'évanouissent. Je me retrouve seule à nouveau. Tremblante. Froide. A demi morte. Je serre mes jambes contre moi, plantant mes ongles dans la chaire. Je ferme les yeux, et hurle. Un cri tellement effrayant que je doute pendant un instant qu'il sorte de ma bouche. Inhumain. Douloureux. Comme celui d'un animal agonisant. Un cri qui me déchire en deux. Je ne sens plus mon corps. Je ne sens plus le sol sous moi. Je ne ressens qu'un chose: la douleur. Si forte. Puissante. Infinie. Je me rend sourde par ce hurlement. Je suis aveuglée par cette obscurité. La douleur m'engloutit, et me fait taire d'un coup. Je meurs..."
Je me suis réveillée malade ce matin. J'ai eu peur de me rendormir. Je n'aime pas le fait de prendre des somnifères: je n'ai plus aucun contrôle, je me fais balader à travers mon inconscient, et je ne peux pas me réveiller de mes cauchemars comme avant. Leur fréquence est d'un sur trois. Le sommeil, pourtant indispensable aux humains, n'est rien d'autre qu'un danger pour moi. J'avais espérer que ces substances m'aideraient. J'avais tellement tort. C'est pire qu'avant. Et pourtant je ne veux pas arrêter le traitement. Parce que c'est le seul moyen pour moi de m’assommer et de ne pas souffrir de manque. De son manque...
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